vendredi 31 mars 2017

5 – Au revoir mon papa

Aujourd’hui ont dira le dernier au revoir à mon Papa.  Il fut un homme imparfait avec un sens de la justice inébranlable, un mari aimant et un père absolument présent.  Il a aimé passionnément sa famille, sa femme, ses enfants et petits-enfants. 

Il a fait du mieux avec ce qu’il avait.  Il a brisé un cercle d’abus pour donner à la génération suivante un meilleur avenir.


Il est né dans une tempête de neige et on lui dira au revoir dans une autre.  La boucle est bouclée.

samedi 25 mars 2017

4 – Mets chinois



Avec Alfred et Marie-Ange
 pour mon 1er anniversaire (Oct. 68).
Comme vous le savez mon Papa aimait les plaisirs de la table.  Manger pour lui était une obsession.  Il était à la fois un gourmand, un gourmet et un glouton.  Il était aussi un excellent cuisinier. Quand il allait chasser avec ses amis, il était un des responsables de la bouffe. Ses amis étaient des bouchers à la Canada Packers, rue Montcalm à Hull. Dans ses jeunes années, il a pu expérimenter avec toutes sortes coupes de viandes grâce à eux.  De plus il avait hérité de son père les merveilles de cuisiner un déjeuner.  Alfred travaillant de nuit et souvent bichonnait un déjeuner pour ses enfants.  Dès l'adolescence, Papa nous a cuisiné un déjeuner pour tous nos nouveaux emplois ou premières journées de quelques choses.

Il pouvait cuisiné tout du rôti aux tartes aux pommes.  Planifier un repas et inviter amis et famille à une grande bouffe dans sa maison était un de ses plaisirs. Et il recevait bien.  C’était avec la nourriture qu’il démontrait son amour tout comme sa mère.  Si vous étiez invité à manger chez Jeannette et Jean-Louis, c’est parce qu’on vous aimait…

Souper dans mon nouvel appartement circa 1999
avec les parents et Oncle André et Tante Reina
Il y a eu des bouffes mémorables avec Tante Reina et Oncle André.  Avant quelconque mode culinaire, on avait déjà tout dégusté chez nous.  J’ai grandi avec un habituel gastronomique.  Pour tout nouveau repas, on était obligé à deux bouchées avant de déclarer qu’on n’aimait pas.

Mais le péché mignon de mon père était les mets chinois.  Il aimait tellement les mets chinois qu’il en avait dégusté chaque item au menu.  Il connaissait personnellement les propriétaires originals du restaurant Li-Ho sur la rue Fortier, un des premier restaurant chinois en Outaouais.  Il connaissait tellement la famille qu’il fut inviter à un de leur mariage et funérailles.

Avant d’être policier, il payait un de ses plus jeunes frères pour aller chercher sa commande au restaurant.  Gérard ou Roger était payé en egg-roll.  Après mes cousines Manon et Sylvie picossaient dans l’assiette de Papa.  Commandez du chinois a toujours été un évènement et les quelques fois que nous sommes allé en famille manger au restaurent Li-Ho, le propriétaire est toujours venu saluer Papa.


Hier c’était la fête de mon Papa, et j’ai mangé des mets chinois…avec joie

3 – Bonne fête!



Mon père aurait eu 77 ans aujourd’hui.  Il est né en pleine tempête de neige à la maison du Lac des Loups.  Ma grand-mère Marie-Ange était là avec George l’ainé, Jeannette et l’arrière grand-père Tréflé.  Son père Alfred était dans les chantiers.  Une des voisines qui était sage femme est venu aidé pour l’accouchement.  Un gros bébé vigoureux de 10 lbs.  Il fut le premier bébé à être baptisé dans l’église du Lac des Loups.  Et immanquablement autour de sa fête, il y a toujours eu une tempête de neige.  Hier ne fait que le confirmer la tendance!!!!

Il n’aimait pas trop les flaflas mais il aimait bien manger et boire.  Donc sa fête est devenu un prétexte pour un bon gros souper de famille.  Souvent ce fut un gros plat de bines ou bien des mets chinois avec un gâteau forêt noire et beaucoup de libations!!!!

Ironiquement c’est aujourd’hui que l’on publie la nécrologie de mon père dans le journal Le Droit.

Donc bonne fête mon Papa



mercredi 22 mars 2017

2 – Une oreille avec des cheveux



À 19 ans mon Papa a survécut à un accident de travail. Il est tombé sur un tapis de transport à l’usine de pâtes et papier E.B. Eddy.  Il fut brulé par friction au visage, aux mains, dans le dos et sur les jambes.  Il a passé une année complète à l’hôpital, six mois à l’hôpital de Hull et le reste à l’hôpital à Montréal.  Et les trois années suivantes avec plusieurs séjours pour avoir de la chirurgie plastique sur ses mains et son visage.  Il y a eu une année où il subit 41 interventions chirurgicales.

Ironiquement, cet accident c’est produit à quelques semaines de son début comme policier. Il avait signé sa lettre d’engagement.  Et c’était une journée que ça ne lui tentait pas d’aller travailler.

Sur le dessus de sa main gauche, il a eu des greffes de peau.  Des greffes qui provenaient de sa cuisse.  À l’été, en short on voyait les carrées blancs sur sa cuisse.  Il faisait des farces quand les gens remarquaient la peau de sa main était douce.  Il leur disait en riant « évidement c’était de la peau de fesse! »

La partie supérieure de son oreille droite était complètement brulé.  On avait fait un boudin de peau provenant de sa nuque pour reconstruire son oreille.  C’était avant la micro chirurgie, on n’avait pu enlever les racines de cheveux.  Donc mon père avait des cheveux qui poussaient sur son oreille.  Petite c’était ma responsabilité de lui couper quand il se préparait à aller travailler.

Cet accident fut un moment révélateur et marquant.  Il a changé sa vie. 

Mon Papa est devenu agnostique.  Cloué sur son lit d’hôpital, des prêtres étaient venus lui donner l’extrême onction en lui disant de se laisser aller. Mon père souffrait et se battait pour sa vie et leur a dit : « Mes rouleaux de papiers noirs sortez ma chambre et ne revenez jamais ».  Bien que pas trop pratiquant avant, il n’est plus jamais retourné à l’Église sauf pour mariages, baptêmes et funérailles.  Quand il nous quittait la semaine dernière, une infirmière nous a demandé s’il aurait voulu les derniers sacrements. On a répondu en riant qu’il les avait eu quelques fois et ce n’était pas nécessaire.

Manon Daniels, nièce avec son oncle Bibi
Il prenait toujours des photos avec son visage légèrement tourné vers la droite pour masquer sa cicatrice au visage.  Il existe très peu de photos de papa avec une barbe.  Il a dit que ce qui l’avait sauvé était les femmes et l’humour.  Après son accident, très complexé, il a découvert qu’il pouvait encore séduire malgré son apparence. Et il s’en ait donné à cœur joie…jusqu'à sa rencontre avec sa Jeannette.

Quand on lui demandait ce qui était arrivé, il y avait trois options de réponses : la vérité, une blessure de guerre ou l’histoire de l’ours.  L’histoire de l’ours, il la réservait généralement pour les enfants.  Avec beaucoup de gestes et de pauses dramatiques, il racontait qu’un ours l’avait attaqué et que mon père lui avait mis la main dans la bouche pour le retourner à l’envers.  C’était drôle de voir le visage des enfants incrédules de la chute de l’histoire.  Un oncle maternel y a cru pendant longtemps que c’était à cause d’un ours!


mardi 21 mars 2017

1 - Les espadrilles blanches

Dans le tiroir à souvenir de mon papa, le premier de son bureau, il y a plein de merveilles.  Un billet du spectacle d’Elvis Presley, des photos, des cordons de souliers, divers papiers, des cartes de fêtes, des boutons et une paire d’espadrille blanche enfantine. Toute petite j’aimais passer des heures à explorer ce tiroir à merveilles.  C’était une connections à mon papa, une ouverture dans son monde intérieur.

Ces espadrilles blanches sont les miennes, l’ainé de la famille.  Il y avait aussi les premières bottines de mon frère. Dès que j’ai pu marcher en 1968, Maman avait fait tous les magasins pour me trouver des espadrilles à la demande Papa.  À cette époque ce n’est pas la norme de chausser ses enfants avec des souliers en toile blanches. On était nu pied, en sandale ou en bottine.


La photo qui joint ce texte,  fut une prise au Lac des Loups à la maison ancestrale des Ménard en septembre 1968.  J’ai presque un an. J’ai mes espadrilles, des jeans, un coupe-vent rouge et mon Papa est fier de me faire découvrir la beauté de la terre de ses ancêtres.