jeudi 6 novembre 2008

Grand-maman

J'ai grandi avec une grand-mère et une grand-maman. Ma grand-mère était émotivement lointaine mais géographiquement proche. Ma grand-maman était émotivement proche mais géographiquement loin. Ma grand-mère nous a quitté, il y a longtemps. Il me restait ma grand-maman.

Ma grand-maman riait de la bedaine. Elle adorait jouer aux cartes. Elle avait toujours des bonbons, des perpermans et des peanuts pour ses petits-enfants. On se souvient tous du goût de sa confiture de fraises. Elle faisait la meilleure soupe aux gourganes du monde (et je déteste la soupe). Elle donnait des bisous et des caresses avec tout son corps. Avec quelques années d'éducation, elle nous écrivait des lettres sans ponctuation et beaucoup d'amour.

Elle nous a appris à nous tourner les pouces, à jouer aux cartes et aux pitouches. On savait qu'on avait rejoint le groupe des grands quand grand-maman enlevait ses lunettes pour jouer. Car on pouvait les voir dans ses lunettes. Elle devenait alors férocement compétitive et refusait de perdre même aux mains ses petits-enfants d'amour. Elle nous apprenait des comptines absurdes. "Mange ta main garde l'autre pour demain. Mange ton pied garde l'autre pour danser."

Elle a eu 12 enfants, une vingtaine de petits-enfants et plusieurs arrière-petits-enfants. Elle a été marié à Jean-Baptiste pendant plus de 60 ans. Et elle avait un nombre incalculable de neveu et de nièce. Et un amour inconditionnel pour sa famille qui l’a toujours guidé.

Malgré tout, elle avait toujours gardé sa bonne humeur, sa franchise et son humour bon enfant. Après des années où sa tête nous avait graduellement quitté, son corps a lâché prise. Aujourd'hui elle a rejoint tous ceux qui l'ont précédé. Son esprit sera toujours avec nous.

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